Faire du peau à peau avec mon bébé prématuré : le ressenti de papas et de mamans

Vécu du peau à peau

Souvent dans les recherches sur les parents, se sont les mamans qui répondent. Nous avons donc décidé d'interroger les papas et les mamans afin de connaître leur vécu du peau à peau avec leur bébé prématuré. Nous avons remarqué que les papas et les mamans ont des ressentis différents et nous proposons de vous les décrire.

Notre étude s'est centrée sur 5 mamans et 5 papas ayant en moyenne 33 ans, avec des bébés entre 34 et 36 SA d'un poids moyen de 2200g. L'un des parents était hospitalisé avec bébé au sein de l'UNM (Unité de Néonatalité en Maternité à Paule de Viguier de Toulouse). Cette unité toulousaine est constituée de 6 lits, et prend en charge conjointement la mère ou le père et son nouveau-né. Les nouveau-nés ont une prématurité supérieure à 33 SA, ils font plus de 1,5 kg

 Le « peau à peau » en 3 mots

En préambule, nous avons demandé aux parents de nous donner trois mots qui pour eux qualifient le mieux le peau à peau. Les termes employés sont différents pour les papas et les mamans, pourtant ils évoquent en majorité l'idée du bien-être.

Pour les papas le terme qui ressort le plus est celui de BIEN-ÊTRE mais aussi de contact, sérénité, reconnaissance, confort... le nuage de points ci-dessous montre en image les différents termes employés pour qualifier le peau à peau.

Pour les mamans, le mot qui revient le plus souvent est celui de CONTACT, puis les mots : tendresse, chaleur, plaisir, réconfort, proche, câlins... nous avons construit le nuage de mots ci-dessous pour représenter les mots les plus utilisés par les mamans.

Qui pratique le peau à peau ?

Les papas pratiquent moins le peau à peau que les mamans. Un papa va dire "euh bah je compte le pratiquer à la maison. On va dire que là je n'ai pas eu vraiment l'occasion de le pratiquer. Enfin depuis qu'il est arrivé le petit" (P1)

Parmi les parents qui pratiquent le peau à peau, une grande majorité le font tous les jours et plus de la moitié le pratiquent plusieurs fois par jour. « Pour le moment... j'essaye chaque... tétée ? juste après la tétée j'essaye de la prendre en peau-à-peau, " "Et, même aujourd'hui encore, trois fois hier soir, ce matin j'étais une heure, une heure et demi..(P3)

Les conditions de l'accouchement de la mère ont incité le père à le pratiquer plus souvent qu'elle : "Pour le moment c'est moi euh... Du fait de la césarienne pour le moment, pas trop tirer sur le ventre de ma femme." (P3)

Quelles appréhensions ?

Tous les parents déclarent dans un premier temps n'avoir eu aucune crainte ni appréhension pour faire le contact peau-à-peau.

Toutefois, deux pères et 3 mères font ensuite part d'inquiétudes qu'ils ont pu avoir au tout début de leur pratique.

Dans les mêmes proportions les papas et les mamans citent la peur concernant la taille du bébé.

Les mamans ont deux fois plus peur que les papas de la position du bébé.

Les mamans ont ressenti de la peur vis-à-vis des fils et des machines qui entouraient bébé alors que les papas ont eu peur de faire mal à leur bébé.


Qu'est-ce qui aide les parents à faire du peau à peau ?

Pour les parents il y a des éléments qui leur ont permis de faire plus de peau à peau et ou dans de meilleures conditions.

Les pères comme les mères indiquent l'importance de deux facteurs :

  • Le bien-être parental
  • Le matériel : le matériel tel que le bandeau de portage, le coussin ou un lit double

Les mamans parlent de l'importance d'être dans un environnement calme et avoir du temps.

Les pères parlent de l'importance de la sollicitation et de l'aide des soignants, le fait que le bébé se sente bien et aussi, le fait d'avoir déjà un autre enfant.


Qu'est ce qui bloque les parents pour faire du peau à peau ?

Les parents relèvent plusieurs facteurs qui font obstacle au bon déroulement du peau-à-peau, les facteurs varient entre les pères et les mères. Il apparait que les mères rapportent plus d'obstacles que les pères.

Les mères citent le fait que le parent soit malade, devoir déshabiller le bébé, l'environnement bruyant et le poids du bébé. Elles citent également plus souvent que les pères les fils autour du bébé.

Les pères quant à eux citent l'absence de sollicitation des soignants et le fait que le bébé ne se sente pas bien. Ils citent également plus souvent que les mères la taille du bébé.

Enfin, autant de pères que de mères citent la peur de faire mal au bébé et le temps disponible pour pratiquer le peau à peau.

Pour conclure,

Lors d'une naissance prématurée, l'environnement et les dispositifs médicaux mis en place pour le bébé entravent l'investissement parental auprès du bébé et ce, autant pour les pères que pour les mères. Les raisons invoquées sont nombreuses. Ainsi, les pères sont freinés par la taille du bébé et les fils. Les mères, elles, sont freinées par la vigilance que nécessite l'état de prématurité, les efforts supplémentaires pour pouvoir s'investir et les alarmes régulières des oscilloscopes. Enfin, autant de pères que de mères évoquent le sentiment que les soignants empiètent sur leur rôle de parent[FK1] . Nous notons que pour une minorité de parents l'environnement et les dispositifs médicaux ne représentent pas un frein à l'investissement parental. La pratique du peau-à-peau a aidé la majorité des parents à se sentir davantage parent. Parmi eux, autant de pères que de mères expliquent que le sentiment d'être parent est influencé non seulement par le contact peau-à-peau, mais aussi par d'autres facteurs, qui forment un tout (M 1 "C'est possible que ça aide, ça aide à prendre conscience en tout cas. Que y'a un p'tit bout. Mais c'est un tout, pour moi c'est un tout qui fait qu'on prend conscience.") ; P3 « Ça fait partie oui, ça... ça, ouais ça met une bougie de plus sur le gâteau ouais. Ça...passe une étape supplémentaire."). Les mères invoquent également la création de lien via cette pratique. Nous pensons que le peau à peau est un soin à part entière qui agit sur le niveau de stress des parents mais aussi du bébé. Il permet de construire le lien parent-enfant et d'aider le processus de parentalité qui souvent a été interrompu par l'arrivée brutale et inattendue de bébé. Ce soin est à pratiquer à l'hôpital mais aussi au retour à la maison.

Article rédigé par Olivia Troupel, Flora Koliouli et Mélinda Bénard (Novembre, 2020)

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